Spin-Ion Technologies : quand l’IA s’inspire du cerveau pour consommer moins
Spin-Ion Technologies est une start-up deeptech née en 2017 au cœur du campus Paris-Saclay. Issue du CNRS, elle développe une puce neuromorphique inspirée du cerveau humain. En s’appuyant sur des mémoires magnétiques de nouvelle génération (MRAM), elle combine stockage, calcul et apprentissage dans un seul composant. Objectif : une intelligence artificielle plus rapide, adaptable et surtout sobre en énergie, pour révolutionner l’IA embarquée, la santé, la robotique et l’industrie connectée.
Spin-Ion Technologies, pour une IA moins énergivore
Dans le paysage de la deep tech française, certaines start-ups attirent immédiatement l’attention. Spin-Ion Technologies, née en 2017 au cœur du campus de Paris-Saclay, en fait partie. Née d’un spin-off entre le CNRS et l’Université Paris-Saclay, cette jeune entreprise basée au C2N (Centre des Nanosciences et de Nanotechnologies) a rapidement su transformer l’excellence académique en innovations concrètes pour l’industrie. Avec 4 cofondateurs et une petite équipe, la start-up prévoit prochainement d’augmenter le nombre de salariés pour soutenir sa croissance.
Une recherche fondamentale pour proposer des solutions aux industriels

À l’origine, Spin-Ion s’est spécialisée dans le traitement des matériaux magnétiques ultra-fins. En utilisant un faisceau d’ions légers, les chercheurs de la start-up peuvent modifier l’organisation atomique de ces matériaux. Le résultat : des composants plus fiables, plus précis et moins gourmands en énergie que ceux obtenus par les procédés classiques.
Cette expertise peut sembler technique, mais ses applications sont tangibles. Les films magnétiques traités par Spin-Ion servent à fabriquer des mémoires MRAM (Magnetic Random Access Memory) – une technologie de mémoire non volatile plus rapide et plus efficace énergétiquement que la mémoire flash traditionnelle – ainsi que des capteurs magnétiques de haute précision.
Une puce inspirée du cerveau
Fort de ce savoir-faire, Spin-Ion a franchi une nouvelle étape : le développement d’une puce neuromorphique, inspirée du fonctionnement du cerveau humain.
Concrètement, cette puce combine :
> Stockage et calcul sur le même composant, grâce aux mémoires MRAM.
> Apprentissage continu, capable d’intégrer de nouvelles informations sans oublier les précédentes.
> Efficacité énergétique, permettant de réduire drastiquement la consommation d’électricité par rapport aux puces classiques.
Cette architecture ouvre la voie à des applications industrielles concrètes : objets connectés, robotique, dispositifs médicaux intelligents, usines autonomes, et plus largement tout système nécessitant une IA embarquée rapide et adaptable. Encore très peu de startups sont spécialisées dans ce domaine.
Pour compléter cette expertise matérielle, Spin-Ion collabore avec des partenaires internationaux comme Mila Québec, afin de combiner hardware et software et développer les prochaines générations d’algorithmes neuromorphiques.
Lauréate du concours i-Lab et soutenue par l’Union Européenne, Spin-Ion démontre que la recherche fondamentale peut se transformer en solutions industrielles à fort impact. Aujourd’hui, elle collabore avec des industriels et participe à des projets européens pour développer des démonstrateurs de puces neuromorphiques et préparer leur industrialisation.
Il ne s’agit pas seulement d’innover techniquement, mais de préserver les ressources de la planète. L’IA doit devenir frugale pour pouvoir se déployer durablement, souligne Corina Numbela, cofondatrice de Spin-Ion.
Un premier symposium autour du neuromorphisme organisé par la startup
Du 24 au 26 septembre 2025, Spin-Ion a organisé le premier symposium neuromorphique à la New York University de Paris (NYU), en partenariat avec la NYU et l’EIC (European Innovation Council). Cet événement a réuni chercheurs, ingénieurs et experts industriels pour explorer les dernières avancées et perspectives futures dans le domaine de l’informatique neuromorphique. Parmi les interventions marquantes, Isabel Obieta Vilallonga, responsable du programme EIC pour les semi-conducteurs durables, a détaillé les stratégies de l’European Innovation Council, les investissements prévus et la place de l’Europe dans les recherches émergentes.
Une table ronde intitulée « From labs to deeptech » a réuni des startups comme Spin-Ion et Innatera, des investisseurs tels qu’Atlantic Labs et LIFTT, ainsi que des représentants académiques, pour discuter du passage de la recherche fondamentale à l’innovation industrielle.

